PREMIO SAN FEDELE
à Milan, exposition, juillet 2007
























Pulsations

Mars 2007
Format 106/130 cm
Technique mixte, acrylique sur carton, photo, tissus divers, dentelle, papier de soie, journal

Le Mal

J’ai tout de suite été inspirée par le thème du mal, car je voyais une réelle concordance avec le reste de mon travail, qui exprime la souffrance, la blessure…
Je commence par travailler l’idée d’une peau immense qui serait la représentation abstraite de souffrances physiques ou morales, par différentes matières signifiant des degrés de douleur.
En assemblant ces pièces de cartons malmenés -le présent-, des photos d’anciens travaux qui seraient des déchirures passées, je me rends compte que cette création est trop faible dans son impact….
Je la démonte alors, la déchire, lui fait subir quelques tortures…
Pour qu’il n’en reste que des fragments, des lambeaux informes.
Il m’apparaît ensuite au fur et à mesure que j’essaye de recréer quelque chose à partir de ces chutes, un visage machiavélique, un masque, un personnage inquiétant qui porte le mal sur lui.
Mais je me heurte encore à la difficulté du sujet, car la force de cette image ne m’inspire rien.
Je la trouve trop réaliste, pas assez subtile, ce qui n’est pas mon langage habituel.
Alors je détruis cette tête, lacère sa peau, elle devient une fois de plus déchiquetée, trouée, pour ne plus être qu’un amas de matières, un univers chaotique auquel
je ne pouvais trouver de sens.
À force d’errances, de lutte contre moi-même pour réussir à exprimer ce mal, il finit par naître ce quadriptyque, où certains fragments des essais passés ont réussi à subsister.
On trouve dans l’œuvre nouvelle, la mémoire de l’ancienne.
L’ensemble est apocalyptique, mais plus structuré, rythmé par des temps de respirations, des lignes de vie entrecoupées d’épreuves.

L’œuvre s’intitule Pulsations.

Le premier panneau « Coma » est comme inerte, plongé dans l’obscurité.
Il pourrait symboliser la fin, mais certains morceaux traités de façon plus claire et nuancée donnent une certaine lueur d’espoir, de commencement, de renaissance.
C’est une obscure clarté.
Le second panneau « Cicatrice » est composé de divers fragments, blessures qui cohabitent s’apprivoisent, avec un point central : les déchirures d’un livre prenant une forme verticale, tranchante ; une plaie.
Le troisième panneau « Vertiges » ressemble à un paysage intérieur. En haut, le ciel calme, presque uniforme, est directement relié à la terre qui rogne son espace, il n’y a pas de ligne d’horizon. La terre, volcanique, où tous les déchirements s’emmêlent, s’entraînent et se parlent, les couches se superposent. La composition fait penser à une chute, plus on s’enfonce vers le bas du tableau, plus on est oppressé. C’est peut être la descente vers l’enfer, toutes les blessures accumulées, insupportables qui conduisent à l’innommable.
Le quatrième panneau « Expirations » un lieu où l’on peut se débarrasser de ses maux, ses poids. Mais un mouvement vers la droite du tableau indique qu’il n’existe pas de fin que le mal ne peut être qu’un renouvellement incessant et répétitif.

Je présente ce travail accompagné de ses déchets, magma informe, un sac rempli de difficultés rencontrées pour le créer qui représente peut être finalement mieux le mal car inachevé.
Cela montre la répétition du mal, son processus d’érosion et de mutation.
On peut se resservir de ces déchets pour infiniment recréer quelque chose.